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Les Rochas du 16 ème au 20 ème siècle Histoire d’une famille du Dauphiné d'Outremont Michel Rochas et ses enfants : le sommet de la filiation Le premier ancêtre connu en ligne
agnatique est Michel Rochas (13), vraisemblablement
né au début du 16ème siècle – voire dans la dernière
décennie du siècle précédent.
C’est le testament de son fils Antoine en 1606 qui nous révèle son existence : testament faict par honnorable Anthoyne Rochas à feu Michiel du lieu de Millaures (14). Michel est sans doute décédé avant 1564. C’est peut-être lui et son fils Georges qui sont cités dans le registre de la confrérie Saint-Hippolyte lors de la réception de Georges parmi les confrères en 1529. Il était fréquent, à cette époque, que les enfants soient reçus dans la confrérie peu de temps après leur naissance. Georges Rochas, fils de Michel, serait donc né vers 1529. Nous retrouvons vraisemblablement sa trace dans les registres paroissiaux de Bardonnèche le 26 février 1559 (15) : Jeanne, femme de Georges Rochas, est marraine de Marie Mouthoux alias Jordet. Après cette date, Georges n’apparaît plus dans les archives paroissiales, notariales ou fiscales de Bardonnèche et des communautés environnantes. Ses deux frères présumés, Antoine et André, sont en revanche cités à de nombreuses reprises. La mention la plus intéressante apparaît dans les mémoires (16) de Laurent Allizond, prêtre et curé de Millaures dans la seconde moitié du 19ème siècle. Laurent Allizond relate les origines de la chapelle Saint-Sébastien, érigée au hameau du Rochas. Il s’appuie sur l’ancien livre de la chapelle, aujourd’hui disparu : en 1564, alors que la paroisse de Millaures est touchée par une épidémie de peste, Antoine et André Rochas font vœu d’ériger une chapelle dédiée à Saint Sébastien si la maladie les épargne. Ni leur père, ni leur frère présumé Georges ne sont cités, ce qui laisse entendre qu’ils sont déjà décédés à cette date – ou que Georges ne réside plus à Millaures. La peste a dû épargner les deux frères puisqu’un manuscrit contemporain des mémoires de Laurent Allizond précise : André [Rochas] a fait son testament en 1579 et a chargé son frère [Antoine] de bâtir la chapelle. Mais la date de construction reste incertaine : si l’on en croit Allizond, elle aurait été érigée en 1675 avec l’aide de tous les habitants du hameau. Pourquoi 1675 ? C’est tout simplement la date qui est gravée sur la façade de la chapelle. Mais l’année de construction est assurément antérieure : dans son testament du 29 juin 1606, Antoine Rochas ordonne estre dict et cellébré pour le remède de sadite âme douze messes durant une année et ce à chacun moys à la chappelle intitullée soubz le tiltre de Saint Sébastien fondée audit lieu de Millaures et à la bourgée du Rochas. La construction de la chapelle n’est donc pas intervenue en 1675, date à laquelle une importante réhabilitation a peut-être été réalisée. Arrêtons-nous un instant sur cette
chapelle. Erigée au centre du hameau, elle fait face à
l’un des plus importants bâtiments du village, qui
appartenait à la famille Rochas comme nous le verrons plus
loin. Son unique porte donne sur le passage public qui
constitue la principale rue du village. L’intérieur,
minuscule, ne pouvait certainement pas accueillir tous les
habitants du hameau pour assister à la messe. Le mobilier
actuel est rustique et l’œil est surtout attiré par le
plafond de couleur bleue, parsemé d’étoiles d’or. Lors de
réparations effectuées au début des années 2000 par
quelques propriétaires du hameau, les peintures de la
façade et du plafond ont été rafraîchies. Une messe y est
toujours célébrée
le jour de la Saint Sébastien, le 21 janvier.
L’anecdote rapportée par Laurent Allizond sur les origines de la chapelle est confortée par la lecture attentive d’un parcellaire de Millaures datant du milieu du 18ème siècle (17) : le terrain sur lequel est érigé la chapelle est constitué de trois parcelles possédées par Michel Rochas, fils de feu Esprit, et François Rochas (18), fils de feu Sébastien, pour les deux premières, la dernière étant occupée par la chapelle. Il est intéressant de noter que la totalité des impôts dus au titre de ces trois parcelles sont acquittés par les deux cousins Rochas, ce qui signifie que la chapelle a été construite sur un terrain appartenant initialement à Antoine et André Rochas – et sans doute déjà en indivision à cette époque. Antoine et André Rochas apparaissent dans les minutes de plusieurs notaires de Bardonnèche et des communautés environnantes. Le premier répertoire de Maître Jean Pascal (1568-1578), notaire à Bardonnèche (19), contient une rubrique au nom d’André Rochas de Millaures et de sa femme Marie Ollaing de Rochemolles. Cette rubrique énumère sept actes dont le testament de Jean Ollaing, frère de Marie. Le deuxième répertoire (1579-1588) contient une rubrique pour chacun des deux frères, celle d’Antoine comportant la mention de cinq actes (un seul pour André). Nous retrouvons également plusieurs actes concernant les enfants d’Antoine et André dans les minutes de Maître Pierre Garcin, notaire à Rochemolles (1593-1630). Ces informations sont intéressantes : elle montre que les deux frères ont fréquemment recours à des tabellions établis en dehors de leur paroisse pour formaliser leurs contrats et leurs transactions. C’était certes une pratique courante à l’époque mais le passage devant le notaire était d’autant plus fréquent que la position sociale était élevée. Antoine Rochas et sa famille : une certaine aisance Cet indice sur le statut social des Rochas dans la seconde moitié du 16ème siècle est corroboré par plusieurs éléments. Le premier tient évidemment à l’appellation du petit village homonyme : au-delà des explications livrées par l’onomastique, ne faut-il pas voir dans l’utilisation de ce toponyme la reconnaissance des Rochas comme la plus ancienne et la plus importante famille du hameau ? Il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse mais elle mérite d’être évoquée. Un deuxième indice est fourni par l’exploitation du parcellaire de la période 1735-1754, qui permet de localiser précisément les immeubles possédés par les Rochas dans le hameau. Non seulement ceux-ci se situent en son centre, autour de la chapelle Saint-Sébastien, mais surtout cette dernière a été érigée sur un terrain leur appartenant, ainsi que nous l’avons vu plus haut. La principale construction du hameau reste, aujourd’hui encore, la grande bâtisse située en face de la chapelle, remarquable par son volume, ses petits contreforts et la fontaine installée dans le passage public qui la sépare de la chapelle. Cette bâtisse, en cours de rénovation depuis plusieurs années, porte le monogramme FR gravé sur une pierre de l’angle sud-est, accompagné du millésime 1751. Ce monogramme est celui de François Rochas, né en 1707 à Millaures (20) et descendant à la sixième génération d’Antoine Rochas et Marguerite Allemand. Dans le parcellaire de 1735-1754, à la rubrique le concernant, le premier article en sa possession est un maisonnement avec ses passages confrontant du levant son chesal (21) indivis avec Michel Rochas, midy le chemin public et la fontaine entre deux, couchant les hoirs de Joseph Rochas, minuit le plassage voisinal. En 2022, la fontaine sépare toujours la maison de François Rochas et l’étroit chemin public qui traverse le hameau… Un troisième indice de l’aisance relative de la famille est apporté par les testaments d’Antoine Rochas et de sa femme, Marguerite Allemand, tous deux reçus le 29 juin 1606 par Maître Pierre Garcin, notaire à Rochemolles (22). Ces actes s’avèrent intéressants à plus d’un titre. C’est tout d’abord leur longueur – respectivement 14 et 15 pages – et la redondance de leur contenu qui étonnent : le notaire multiplie les formules amphigouriques, qui rendent la lecture fastidieuse. La longueur de l’acte était-elle proportionnelle à la fortune de ses commanditaires ?! Signature d’Antoine
Rochas au bas de son testament, le 29 juin 1606
(Archives communales de Bardonnèche, minutes de Maître Pierre Garcin, notaire à Rochemolles). Le testament de sa femme, Marguerite Allemand, contient des dispositions très semblables, en particulier pour les donations aux pauvres et aux institutions religieuses. A la dot de 180 livres constituée à chacune de ses filles par Antoine Rochas, le testament précise qu’elle en a ajouté 120. Elle lègue à son mari quelques terres, les intérêts produits par ses biens immobiliers et l’ensemble de ses meubles pour compenser les réparations qu’il a réalisées sur ses bâtiments et les frais engagés dans le cadre d’un procès contre l’abbaye Saint-Laurent d’Oulx. Elle cède également à son fils Antoine la moitié d’un bâtiment – comprenant notamment une grange et une étable – situé au lieudit le Freyssené. L’autre moitié appartient déjà à ses frères Pierre et Jean, et Antoine devra verser, à titre de compensation, 51 livres à son autre frère Michel ! Ces montages baroques devaient singulièrement compliquer les relations de famille en certaines occasions... Enfin, Marguerite Allemand se préoccupe plus particulièrement du devenir de ses filles Catherine et Marguerite dans l’hypothèse où elles resteraient célibataires et viendraient à tomber en malladie ou vielhesse ; en ce cas, elle exige de ses héritiers universels qu’elles soyent soulagées, norries, vestues et honnestement entretenues. Au total, les constitutions dotales des six filles Rochas représentent la somme considérable de 1800 livres, que la grande majorité des habitants de la vallée étaient bien incapables de réunir en cette fin de 16ème siècle. Cette relative aisance ne doit pas faire oublier les conditions de vie dans un hameau situé à près de 1700 mètres d’altitude, surtout en période hivernale. En dépit de son altitude élevée, le Rochas bénéficie d’un climat plutôt clément grâce à son exposition plein sud : il est, de ce fait, mieux loti que les villages du Barsac (23) ou de Puy-Beaulard situés en contrebas, sur le versant opposé. Desservi par un chemin muletier raide et étroit qui traverse les hameaux de Millaures, il devient difficile d’accès en cas de chutes de neige. Dominé par les pentes herbeuses du Mont Jafferau (2815 mètres), il subit régulièrement le passage d’avalanches parfois mortelles, comme la plupart des hameaux situés à flanc de montagne. Enfin, la concentration des habitations et des bâtiments agricoles, blottis autour de la chapelle, favorise la propagation des incendies, qui sont fréquents sous l’Ancien Régime. Les mémoires de Laurent Allizond nous apprennent ainsi que la majeure partie du hameau est partie en fumée en 1651 : nous lisons dans un manuscrit de Jean-Baptiste Faure qu’en 1651 le 4 de mai, il a vaqué à Gap pour un soulagement pour les brûlés du Rochas. Dans un autre article, nous lisons qu’ils ont été faire des quêtes pour le soulagement des mêmes. Et d’après ce que nous avons entendu dire aux anciens que le village du Rochas doit avoir tout brûlé à l’exception d’une fougagne au couchant dudit village, c’est-à-dire une petite maison toute bâtie en pierre. Il fallait de l’opiniâtreté et du courage aux habitants ayant tout perdu pour reconstruire des bâtiments qui brûlaient parfois plusieurs fois au cours d’une même génération… Dans cet environnement difficile, la famille Rochas occupe donc une position sociale plutôt enviable. Les enfants d’Antoine et de Marguerite sont élus à plusieurs reprises consul ou conseiller par l’assemblée des habitants de la communauté de Millaures (24) : Antoine est consul en 1614 puis conseiller en 1616. Jean devient à son tour conseiller en 1626, avant d’être élu consul (avant 1635). Le beau-père d’Antoine, Constant Médail, occupe également le fauteuil de consul en 1612. Enfin, l’un de ses beaux-frères, Antoine André, remplit tour à tour les fonctions de consul (1604) et de conseiller (1610). Plusieurs membres de la famille sont régulièrement cités parmi les "principaux" habitants de la communauté, selon l’expression employée à l’époque. La descendance d’Antoine Rochas à Millaures Cette descendance est aujourd’hui assez bien connue, même si les archives paroissiales, notariales et fiscales du deuxième quart du 17ème siècle présentent d’importantes lacunes. Les quatre fils d’Antoine Rochas et Marguerite Allemand se sont tous mariés mais seuls deux d’entre eux, Pierre et Antoine, ont laissé une descendance masculine. Pierre, qui est vraisemblablement l’aîné des garçons, est l’ancêtre de tous les Rochas vivant à Millaures à partir de la seconde moitié du 17ème siècle. Antoine, dont la postérité est numériquement moins nombreuse, est à l’origine de la branche installée au hameau des Granges, à Bardonnèche, à partir de 1676. Il n’a pas laissé de descendance à Millaures au-delà de cette date. C’est sa descendance que nous allons suivre à présent. Antoine Rochas, deuxième du nom, a dû naître dans le troisième quart du 16ème siècle, à une date qu’il est difficile de préciser. Il est décédé entre 1641 et 1649, sans qu’il soit possible, là encore, d’affiner la fourchette chronologique. Nous savons peu de choses sur lui : la principale source d’informations est un registre de minutes de Maître Jean-Baptiste Allemand, notaire à Millaures, qui couvre les années 1634 et 1635 (25). En 1634, Antoine apparaît comme conseiller de la communauté de Millaures, fonction qu’il a déjà occupée en 1616. L’année suivante, les huit choristes de la paroisse se réunissent à son domicile pour désigner un secrétaire et un procureur afin de gérer leurs biens communs et entretenir la paix et amitié entre eulx. Le notaire recevant est élu secrétaire et Jean Rochas, frère d’Antoine, devient procureur des choristes. Tous deux signent très lisiblement au bas de l’acte. Signature d’Antoine Rochas au bas de l’acte de nomination du secrétaire et du procureur des choristes de Millaures, le 8 juillet 1635 (Archives d’Etat de Turin, minutes de Maître Jean-Baptiste Allemand, notaire à Millaures). Antoine Rochas apparaît à d’autres reprises dans les minutes de Maître Allemand, notamment dans des obligations ou des actes de sommation par lesquels il réclame le remboursement de l’argent qu’il a prêté à des particuliers. Ces actes notariés livrent quelques informations sur sa famille : le contrat de mariage de son fils André, en 1634, indique que l’époux procède de l’avis de François et Domény Médailhz ses oncles. La femme d’Antoine Rochas était donc une Médail (26), sans doute décédée avant 1634 puisqu’elle n’est pas citée dans le contrat de mariage contrairement à la mère de l’épouse. Antoine Rochas a dû se remarier : nous avons retrouvé dans les registres paroissiaux d’Oulx la sépulture d’une Ludovica Agatha (Louise Agathe) (27) de Millaures, veuve en secondes noces d’Antoine Rochas de Rochemolles [sic], décédée le 2 février 1653 âgée d’une soixantaine d’années. Du premier mariage d’Antoine sont
nés au moins trois fils : Antoine, Jean-Antoine (28)
et André. Seule la postérité d’André Rochas est connue à
ce jour. Sans doute né au début du 17ème siècle, il
apparaît pour la première fois dans les comptes
consulaires de Bardonnèche en 1633 (29).
Dans ces comptes, sont énumérés pour chaque communauté
les pionniers qui ont tiré les canons depuis
Chaumont jusqu’au fort d’Exilles et travaillé aux
fortifications de Pignerol ou au rafourt du Pui
Beollar (four à chaux de Puy-Beaulard) (30).
Ces
pionniers sont rémunérés par leur
communauté, oultre la paye qu’ilz ont receu de
l’argent du Roy. André Rochas apparaît pour 3
journées de travail, sans doute effectuées au rafourt.
Sont également cités ses cousins Georges et Jean Rochas
qui ont travaillé aux fortifications de Pignerol pendant
19 jours. La tâche devait être plus pénible au rafourt car
les travailleurs y percevaient une indemnité journalière
majorée, tout comme les pionniers ayant tiré le
canon jusqu’à Exilles.
L’année suivante, André Rochas épouse Marie Blanc (31), également native de Millaures. Leur contrat de mariage, reçu le 2 juillet 1634 par Maître Jean-Baptiste Allemand (32), permet d’en savoir davantage sur la position sociale de la famille, qui paraît avoir régressé depuis 50 ans : les donations de survie entre époux sont modestes (12 livres données par l’épouse) et Antoine Rochas se contente de prêter quelques biens à son fils au cas que ledit [André] avec ladite son espouse ne puissent à l’advenir faire leur demeurance et habitation aveque luy. Les biens prêtés sont limités : ils comprennent sept pièces de terre et six de pré d’une superficie non précisée, toutes situées à Millaures. Antoine alberge (33) également à son fils ses maisonnements et lui prête du mobilier, une vache et six moutons. Tout au plus lui lègue-t-il ses acquisitions à venir, qui ne pourront être partagées avec ses frères aînés. Rien de bien considérable par conséquent… Signature d’André Rochas au bas de l’inventaire des biens de sa première femme, Marie Blanc, le 30 juin 1635 (Archives d’Etat de Turin, minutes de Maître Jean-Baptiste Allemand, notaire à Millaures). Après son mariage, André Rochas
intervient à plusieurs reprises au nom de sa femme pour
régler la succession – compliquée – de sa belle-famille.
Il faut ensuite attendre 1646 pour retrouver sa
trace : les registres paroissiaux de Millaures nous
apprennent qu’il s’est remarié avec Marie Laurens, fille
de Claude, originaire de Mélézet. De cette deuxième union
sont nés au moins trois enfants dont notre ancêtre André.
La naissance posthume de ce dernier, le 17 mars 1650,
situe la date de décès de son père en 1649 ou 1650, les
actes de sépulture ayant disparu pour ces années-là. Un
petit registre de 1649 conservé dans les archives
paroissiales de Millaures (34) permet d’affiner cette
fourchette : il précise les périodes pendant
lesquelles les habitants du village ont logé des troupes
de passage dans la vallée. Du 31 mai au 4 juin 1649, André
Rochas a logé deux soldatz que sont de Laurier et
Milhomme. Du 4 au 12 décembre, il a hébergé le
Basque et un valet avec deux chevaulx, puis du 24 au
29 la Garène et Bois d’Amour avec un valet et deux
chevaulx. Au total, la communauté lui a versé 65
livres et 4 sous pour compenser les dépenses induites par
le logement des soldats. André est donc décédé entre le 29
décembre 1649 et le 17 mars 1650.
L’année suivante, Marie Laurens est reçue parmi les membres de la confrérie du Saint-Scapulaire à Mélézet (35). A sa suite, quatre de ses enfants dont André rejoignent la confrérie entre 1663 et 1686. A la même période, neuf autres descendants d’Antoine Rochas et Marguerite Allemand sont également cités parmi les confrères. Pendant près d’un siècle, jusqu’en 1766, les générations successives de la famille Rochas apparaissent dans les registres du Saint-Scapulaire. Les confréries religieuses tomberont en désuétude au cours du 19ème siècle et François Rochas, né en 1850, sera l’ultime membre de la famille à y être reçu en 1862 (36). Nous savons peu de choses des sept enfants d’André Rochas et de ses deux épouses (37) : si la descendance de Barthélemie est connue, le sort d’Antoine et de Jean reste un mystère (38). Nous n’en savons guère plus sur ses trois sœurs, Lucie, Jeanne et Marguerite : les deux premières sont reçues dans la confrérie du Saint-Scapulaire en 1669 et 1686, et Lucie a épousé 1679 Jean-Michel Guillaume, natif de Rochemolles. Enfin, un document fiscal (39) confirme la position sociale en demi-teinte de la famille Rochas au milieu du 17ème siècle : il précise la taille due par chacun des 96 foyers fiscaux de la communauté de Millaures pour l’année 1649. Parmi les cinq membres de la famille mentionnés dans la liste, les plus imposés sont les héritiers de notre ancêtre Antoine (65 livres), qui restent toutefois moins taxés que la moyenne des habitants (84 livres). Deux neveux d’Antoine, Georges et Jean Rochas, fils de feu Pierre, doivent acquitter respectivement 28 et 52 livres. L’un de leurs neveux, Pierre, est imposé à hauteur de 7 livres seulement. Enfin, une sœur d’Antoine, Barthélemie Rochas, veuve de Paul Reuil, verse la modique somme de 9 livres. Les membres de la famille Rochas ne sont donc guère argentés et semblent, en tout état de cause, occuper une position sociale en retrait par rapport à leurs prédécesseurs. 1- Genèse d’un patronyme en Briançonnais 2- Naissance d’une famille 3- De Millaures à Bardonnèche |