Documents historiques/Documenti storici


Remontrances (1699) de
Bardonnèche (Bardonecchia)
Cezanne (Cesana Torinese)
Chaumont (Chiomonte)
Chateau Dauphin (Casteldelfino)
Oulx
Salbertand et Exilles
Sauze et Jouvenceaux d'Oulx
Savoulx
Valcluson (Val Chisone)


Cezanne (Cesana Torinese)
(page203-220/203-237)


Collaboration de

Nicole Toscan:






Du dimanche 13 septembre1699
a sept heures du matin en lhostel
de Nous d.(it) Intendant au lieu d'Oulx ont
comparu par devant Nous d.(it) Commissaires
les officiers de la communauté de Cezanne
composée de dix lieux ou communautéz
particulières qui n'en font qu'une seulle
par raport a la taillabilité comprise
dans le perequaire de cette election sous
le d.(it) nom de communauté de Cezanne
scavoir les S.(ieu)rs Jeanbaptiste Blanchet
consul et Antoine Bouvier secretaire
greffier du bourg de Cezanne, Pierre
Fra consul Francois Manson et Antoine
Guilleaume con(seille)rs du lieu du Sauze.

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203v

Jean Bec consul et Nicolas Eydelin
con(seille)r du lieu de Bousson, Pierre Poncet
consul, Jacques Poncet, con(seille)r et Jean Poncet
garde cadastre des lieu de Rollieres et
Champlas Seguin, Joseph Manson consul
et Michel Malen con(seille)r du lieu de Champla
du Col, Philippe Print consul Bernard
Ancel con(seille)r et Jeanbaptiste Faure nottaire
royal du lieu de Thures, Joseph Blanchet
consul de la presente année François Blanchet
consul nommé pour l'année prochaine, Jaque
Roux et Joseph Tisserand con(seille)rs du lieu
de Molieres, Jaque Brac consul, François
Cosoul et Michel Cosoul con(seille)rs du lieu
de Fenils, Laurens Charang consul, Joseph
Charang et Claude Martin conseillers du lieu
de la Deserte, Jean Sibourt consul, Restitut
Orgeas député et Jullien Cosoul garde
cadastre du lieu de Sollemiac lesquels
officiers du d.(it) bourg de Cezanne nous ont
representé leur parcelaire ou cadastre de
l'année 1581 avec sept coursiers ou muanceres
servans aux jmpo(siti)ons dont le dernier a esté
fait ainsy qu'ils l'ont déclarré en
1661 les rolles des tailles imposées
es années 1687 et suivantes jusqu'en
1695 jcelle jncluse et les comptes de la
recette des tailles rendus par divers
receveurs des années 1689 jusqu'a l'année
Le soussigné declare
que touttes les pieces
qui ont esté représentées
a nosseigneurs les
commissaires a la
revision des feux ont
este par eux retirées
fait a Oulx le 15
septembre 1699
signé Blanchet et
Jolly
204
1695 jcelle comprise les officiers du d.(it)
lieu du Sauze nous ont representé leur
parcelaire ou cadastre de l'année 1629 avec
12 muanceres ou coursiers servans aux
jmpo(siti)ons dont le premier a esté fait en 1546
en latin aussy bien que le d.(it) cadastre et
les autres sont en francois dont le
dernier est de 1660 les rolles des tailles
jmposées es années 1687 et suivantes
jusqu'en 1696 jcelle jncluze et les comptes
de la recette des tailles des mesmes
années les officiers du dit lieu
de Bousson nous ont representé leur parcelaire
ou cadastre sans datte avec trois
muanceres ou coursier l'un fait en 1584
l'autre en 1613 et l'autre sans datte
le dernier muancere qu'ils avoient fait
ayant esté déchiré ou brulé par les Barbets
en 1692 avec un petit cayer dans lequel
estoit d'ecript la contenance et l'estime des
fonds des forains montans environ 3 l(ivres)
jls nous ont aussy representé les rolles
des tailles imposées es années 1690 et
suivantes jusquen et comprise1695 et les
comptes de la recette des tailles des dittes
années les officiers des d.(its) lieux de Rolieres
et Champlas Seguin nous ont representé
deux parcelaires l'un de 1539 pour
l'hameau de Champla Seguin et l'autre

204v
de 1552 pour celuy des Rollieres les d.(its) deux
hameaux etant unis jls nous ont de meme
remis neuf coursiers ou muanceres dont
les deux derniers sont des années 1633
et 1645 les rolles des tailles imposées
es années 1689 et suivantes jusqu'en
1696 jcelle comprise et les comptes de
la recette des tailles des d.(ites) années les
officiers du d.(it) lieu de Champla du Col
nous ont présente leur parcelaire ou
cadastre de l'année 1558 avec six coursiers
ou muanceres servans aux jmpo(siti)ons le
dernier de l'année 1667 les rolles des tailles
jmposées es années 1687 et suivantes
jusqu'en l'année 1696 jcelle comprise et les
comptes de la recette des tailles des mêmes
années que les d.(its) rolles les officiers du dit
lieu de Thure nous ont aussy representé leur
parcelaire ou cadastre de l'année 1667 avec
un coursier ou muancere de la meme année
servant aux jmpo(siti)ons les rolles des tailles
jmposées es années 1690 et suivantes et ce
jusques et compris l'année 1695 et les
comptes de la recette des tailles rendus par
divers receveurs des années 1691 jusqu'en
1695 jcelle incluze les officiers du d.(it) lieu
de Molieres nous ont representé leur
parcelaire ou cadastre de l'année 1614 avec
le coursier ou muancere servant aux

205
impo(siti)ons les rolles des tailles imposées
des années 1689 et suivantes y compris
l'année 1695 et les comptes de la recette
des tailles rendus par divers receveurs
des memes années que les d.(its) rolles les
officiers du d.(it) lieu de Fenils nous ont
representé leur parcelaire ou cadastre
dont la date ne parroit pas ensemble
dix muanceres ou coursiers servants
aux jmpo(siti)ons le p(rem)ier de 1591 et le dernier de
1677 et les rolles des tailles et comptes
d'jcelles des années 1687 1690 et
suivantes jusqu'en 1695 jcelle incluze
les officiers du d.(it) lieu de la Deserte nous
ont representé leur parcelaire ou cadastre
qui est en latin et deux coursiers ou
muanceres servant aux jmpo(siti)ons les
rolles des tailles et comptes d'jcelles des
années 1689 jusques et compris l'année
1695 les officiers du d.(it) lieu de Solemiac
nous ont représenté leur parcelaire en
latin ou cadastre avec sept muanceres
ou coursiers servant aux impo(siti)ons les
rolles des tailles et comptes d'jcelles
des années 1687 et suivantes jusqu'en
1694 jcelle comprise les rolles des tailles des
dernieres années n'ayant esté

205v
imposées dans aucuns des d.(its) lieux a cause des
oppo(siti)ons formées au compte général de
la Vallée de Cézanne par quelqu'uns
des dits lieux et les d.(its) officiers de tous
les susdits lieux qui composent la ditte
communauté de Cezanne nous ont remis
des mémoires contenant leurs remontrances
au sujet des jnterests d'jceux concernant
la revision des feux a laquelle nous
procedons pour y avoir par nous tel
egard que de raison dont jls ont requis
acte et ont signé avec nous ainsy signé
Blanchet, Mounier, Manson, Cezanne
Fra, Guilleaume, Sauze, Bec, Eydelin,
Poncet, et Poncet, Poncet, Seguin, Malen
Prin, Ancel, Faure, Blanchet, Blanchet, Roux
Tisserand, Brac, Cosoul, Cosoul, Charang
Charang, Martin, Sibourt, Orgeas, Cosoul
Nous d.(its) Commissaires avons octroié acte de
la d.(its) représenta(ti)on et ordonné que le memoire de
leur remonstrances sera transcrit dans notre
procedure et avons signé ainsy signé Bouchu
Canel, Pourroy, Lacolombiere, Basset
et plus bas par Messeigneurs Richaud Commis.

Remontrances des habitans de la
communauté de Cezanne

Que la ditte communauté est composée de dix

206
lieux ou communautéz particulières quy n'en
font qu'une seulle par raport a la taillabilité
ne leur etant envoyé qu'un seul lançon et
ils divisent la somme portée par jceluy
suivant que chaque p(rinci)pal lieu avec ses
dependances en doit supporter.
Le territoire du d.(it) bourg de Cezanne quy
supporte la principalle partie des jmpo(siti)ons
de tailles ordonnées par les lançons a esté
ruiné ou endommagé considerablement en
differens temps particulièrement en l'année
1629 et environ les années 1648 ou 1650
la riviere de Doire ayant tellement esté
enflée par les eaux des montagnes
du Sauze, Champlas et Tures que la ditte
premiere innondation entraina touttes les
terres et tous les prez qui estoient des deux
costés de la d.(ite) rivière depuis le d.(it) bourg
jusqu'au mas appelé Rochette et la ditte
seconde jnnonda(ti)on fit un grand degat dans
les terroires des prez du Champ de l'Hort
et Turasses qui ne peuvent servir apresent
que de pasturages qui sont de très peu de
raport cependant l'estendue de ces territoires
ainsy ruinés fait partie du nombre de
sesterées qu'ils ont déclaré devoir composer
celles de leurs cadastres et estan jointes

206v
Au mas de Goinard et Loubatieras en la
montagne de Gimond dont personne ne peut
se servir a cause de leur esloignement et de leur
sterilité elles arrivent environ a 250
sesterées lesquelles ne doivent point servir
a faire le fonds de la taillabilité de la ditte
communauté.
Il est vray que dans l'estendue du dit
territoire il y a d'asses bons fonds mais
la pr(inci)palle partie appartient a la Prevosté
d'Oulx et contient environ 339 sesterées
qui ne sont point cadastrées et n'ont jamais
esté cottisées dans aucuns rolles ny porté
aucunnes charges.
Les habitans du d.(it) bourg supplient
très humblement Nosseigneurs les commissaires
d'avoir aussy egard aux depenses auxquelles
ils sont engagés par les répara(ti)ons des
chemins tant pour les ouvrir a cause du
passage des troupes et pour les negotians
dans les temps des neiges que pour
maintenir ceux qui sont depuis le d.(it) bourg
jusqu'a la chapelle de Saint Gervais et
celui qui est au dessous appellé de Saint
Jacques lesquelles sont d'une grande
depense et très difficiles a entretenir
a cause des esboulements des rochers qui
arrivent annuellement.

207
Les d.(its) habitans ont souffert une perte
considerable en ce que les troupes qui ont
campé pendant la guerre aux environs du d.(it)
bourg ont ruiné les bois qui estoient les
plus voisins et les plus commodes pour
eux de sorte que lorsqu'ils entreprennent
apresent quelques bastiments ou quelques
reparations ils sont contraints d'en aller
prendre avec des peines et des depenses
extraordinaires dans les bois les plus
esloignés.
Le terroir qui supportoit les tailles
a esté notablement diminué par les
murailles dont on a fait la closture du d.(it)
bourg pour lesquelles on a occupé une
quantité considerable de terrain dont jl a
plu au Roy de dommager les possesseurs
qui en on esté privés mais l'alivrement
de ces heritages ainsy occupé n'a pas esté
retranché de leur cadastre et ceux qui en
estoient cydevant proprietaires en ont
toujours paié les tailles ce qui les
oblige de prier Nosseigneurs les commiss(ai)res
d'ordonner le retranchement de la diminution
de leurs feux a proportion.
Le d.(it) bourg est voisin du Montgenevre
ou il y a un hospital d’ou on luy envoye

207v
des pauvres malades pour les faire conduire
et il y a aussy un hospital dans le dit
bourg qui a pour tous revenus un pré affermé
20 l(ivres) destinés a la conduitte des d.(its) pauvres
mais cette somme ne pouvant fournir qu'a
une petite partie de cette dépense les dits
habitans fournissent le surplus montant
annuellement environ 150 l(ivres) qu'ils joignent
aux rolles de leurs impo(siti)ons.
Le voisinage du d.(it) Montgenevre est aussy
cause que le terroir du d.(it) bourg est ordinairement
couvert d'une grande quantité de neiges
qui fait souvent mourir les grains qu'ils
ont semez avant l'hiver ce qu'ils ont eprouvé
l'année présente ayant esté contraints de
semer leurs fonds une seconde fois
au printemps et comme la plus grande
partie du d.(it) terroir se touve dans des
pentes tres rapides les eaux de pluye
le degel et les eboulements ruinent aussy
tres souvent non seullement les fruits
mais encore le terrain.
Le lieu du Sauze faisant partie de la d.(its)
communauté de Cezanne est situé a l'extrémité
de la vallée d'jcelle dans les montagnes les
plus eslevées et par cette raison son
terroir est tres sujet a estre couvert d'une
grande quantité de neiges jusqu'a la fin

208
du printemps lesquelles jointes aux gelées
et au froid de la d.(ite) saison font mourir les
bleds et comme en automne il j a aussy des
neiges qui tombent avant que les grains
soient meures on ny fait souvent aucune
recolte .
Les fonds du d.(it) lieu estant situés
en des endroits rapides sont ruinez par
de frequentes tempestes et par les ravines
qui entrainent les guerets nouvellement
cultivés ce qui est la cause que plusieurs
des d.(its) fonds ne sont plus en état de l'estre
et les heritages qui sont au dessous
deviennent aussy jnutiles a cause du gravier
et des pierres dont jls sont couverts et
lorsqu'il n'arrive aucuns de ces accidents
les terres ne pouvant estre arrozées par
le deffaut d'eau ce qu'on y recueille de
grains est très modique.
Les habitans du dit lieu se trouvent
obligés se supporter de tres grandes
charges tant acause de l'estappe etablie
au bourg de Cezanne qu'a cause des
interests des sommes qu'ils ont empruntées
pour paier leur rançons aux Barbets
qui les ont souvent fait prisonniers de
guerre ou pour les contributions auxquelles

208v
le corps de la d.(ite) communauté s'etoit engagé
pour eviter d'estre entierement pillés et brulés
apres que les ennemis eurent brulés en
diverses fois 234 de leurs maisons.
Il est vray qu'ils avaient fait quelque guain
dans les voitures de l'armée mais les
frequents pillages de leurs bestiaux les
campements et les quartiers d'hiver ont
consumé tout les proffits qu'ils pouvoient
avoir fait la guerre et la perte de leurs
bestiaux ne leur ayant pas permis de
cultiver leurs fonds ils ont esté contraints
d'employer tout ce qu'ils avoient gagné par
leur industrie a paier les charges ordinaires
et extraordinaires de leur lieu.
Dailleurs ils ont esté privé de tous
les secours quils pouvoient tirer d'une partie
de leurs bois communs voisins de leur lieu
par la grande consomma(ti)on qui s'en est faitte
pendant la derniere guerre par les campemens
qui ont esté cause qu'on en a degradé une
si grande quantité que la ruine de leurs fonds
et meme celle de leurs maisons sera
jnevitable sy on aporte des apresent et
a lavenir tous les moiens possibles pour
empecher la degrada(ti)on des d.(its) bois.
Et quoiqu'il leur reste d'autres

209
bois communs jls sont situéz en des lieux
si rapides et tellement sujets aux orages
aux torrents aux ravines et aux lavanches
qu' a peine jls ont pu en trouver ce qui esté
nécessaire pour retablir leurs maisons
brulées.
A legard du lieu de Bousson il est
chargé de trois feux trois quarts quoique
son terroir ne s'estende que depuis Pont
Froid jusqu'a la croix qui est entre Rollieres
et le d.(it) lieu de Bousson. Son territoire n'a
de largeur que celle de la petite vallée
ou jl est situé dans une partie du terrain
est occupé par la riviere de Doire de
laquelle les frequentes jnnondations
ont jnsensiblement entrainé ce qu'il y avoit
de chaque costé du terrain le plus propre
a estre cultivé.
Il y a trois ruisseaux appelés Cougnet
Fouron et Lasvignas que les eaux
de pluie et de neiges font tellement enfler
qu'ils emportent du costé du midy tout
ce qu'il y a de terres qui leur sont contigues
et ne laissent que le rocher de sorte que
l'alivrement du parcelaire du d.(it) lieu est
diminué de 20 s(ols) et du costé du septentrion
ou est le hameau de Bonne Maison le terroir

209v
est tellement froid sujet aux ravines et
si penchant qu'en cet endroit non plus
qu'en la montagne de la Chalp on ny fait
pas en 4 ans une bonne récolte et même
les deux dernières années on ny a pas
recueilly des grains pour semer.
Tous les fonds taillables du d.(it) lieu ne
consistent qu'en 3000 sesterées de 400 toises
chacune dont il ny en a que 300 des
meilleures sesterées et 1000 des mediocres le
surplus dans lesquelles sont comprises 300
sesterées hermes et jncultes et presque jnutiles
par sa situation trop élevée et par la difficulté
de sa culture de sorte qu'on ne trouve aucun
fermier qui veuille s'en charger quoiqu'on se
contente pour tout prix du payement de la taille
les meilleurs fonds dont il a esté cydevant fait
mention ne pouvant rien produire au dela de leurs
cottes.
Il n'y a dans le d.(it) lieu que 69 habitans chefs
de familles parmy lesquels il y en 40 veuves et
pour justiffier qu'ils sont extremement surchargés
par les d.(its) trois feux trois quarts jl est a observer
que chaque sesterée de leurs meilleurs fonds est
a 16 ou 17 deniers d'alivrement les médiocres
a 15 deniers et ainsy en diminuant et comme leur
parcelaire est ancien et sy embrouillé que les
officiers et consuls ne peuvent bien veriffier en
quoy consiste le total de son alivrements ils ont
esté contraints de suivre celuy des précédents

210
rolles et craignant d'estre courts dans
leurs impo(sit)ions ils ont souvent augmenté
le total des dittes estimes ce qui donne lieu
a des cottes de non valleur et a des reprises
qui sont rejettées sur le general dudit lieu
qui ne peut eviter ces jnconvénients qu'en
faisant un nouveau cadastre a la depense
duquel jl n'a pas esté en etat de fournir
a cause de la pauvreté et de la misere
a laquelle les d.(its) habitans ont esté reduits
par l'jncendie et par le pillage du d.(it) lieu
de Bousson et de ses hameaux arrivés en 1692.
Les habitans du lieu de Roullieres et
de celuy de Champla Seguin ont un parcelaire
particulier pour chacun des dits deux lieux
qui ne composent qu'un meme corps et n'ont
qu'un seul consul.
Il n'y a dans le terroir dont le cadastre
de Rollieres est composé que 970 sesterées
de 400 toises chacune et chaque toise de cinq
pieds et demy dont le total de l'alivrement
monte 30 l(ivres) et de ce nombre de sesterées
il y a environ 80 qui ont esté jnondées
par la riviere de Doire et par les torrents
de Loliviere de Saint Pierre et la Combette
dont le dernier leur a entrainé un moulin
de la taille duquel ils sont encore chargés.
Leurs bois et leurs pasturages sont

210v
de tres petite estendue et ont esté detruits
par les campements et les quartiers
d'hivers des armées precedentes et ce qui
en reste est ruiné en partie par la grande quantité
de neiges et par les lavanches qui tombent
dans les terroirs taillables de Tronce et de
Molinet lesquelles neiges restent sur
leurs fonds jusqu'a la feste de Saint
Jeanbaptiste ou environ et leurs pasturages
produisent si peu que des a present ils sont
contraints de donner du fourrage a leurs
bestiaux.
A l'égard du territoire de Champla
Seguin jl n'est composé que d'environ 1560
sestrées dont il y en a 300 qui sont jncultes
ayant esté abandonnées et ne servent qu'a
faire paistre leurs bestiaux le surplus
du d.(it) territoire vaut si peu qu'on ne trouve
personne qui veuille affermer les fonds
d'jceluy quoiqu'on les laisse a la charge
seulement d'en paier les tailles parce qu'ils
sont situez au plus haut de la montagne.
Les terroirs des d.(its) hameaux estant situez
en des endroits rapides et penchants les
pluies et les greles y causent des ravines
et des eboulements qui entrainent ce qu'il y a
de meilleure terre dans leurs fonds et dont
les fruits perissent souvent a cause de la
grande quantité de neiges de gelées et de

211
frimats du printemps d’ou vient qu'a peine
de quatre recoltes il y en a une qui soit
bonne.
D'ailleurs les fonds de Rollieres
ne portant de grains qu'une fois en deux
années et ceux de Champla Seguin deux fois
en trois années ne peuvent fournir que
pendant une partye de l'année la subsistance
d'environ 60 familles dont les d.(its) lieux sont
composés lesquels se trouvent reduits a
un tres pauvre etat leurs maisons
aiant esté pillés et brulés pendant la dernière
guerre.
Les habitans du lieu de Champla du Col
supplient tres humblement Nosseigneurs
les commissaires d'observer en visistant leur
territoire qu'il est dans le plus haut de la vallée de
Cézanne pres de Cestrieres
et que leurs bois communs et meme ceux
des particuliers qui estoient taillables sont
extremement degradés ce qui provient de
ce que les troupes du camp qui a esté pendant
quatre années au voisinage d'jceux les
ont entièrement dépeuplé.
Le bois qui leur est resté du costé du
septenrtion qui est très petit estant en
deffences pour éviter les degats qui feroient
les lavanches et pour conserver ce qui seroit
necessaire pour rebastir leurs maisons

211v
en cas d'incendie ce qui les contraint
d'acheter des communautés voisines des
bois pour leur chauffage et pour leur usage
journalier.
Leurs prairies dans lesquelles les dittes
troupes estoient campées ont esté ruinées
par les soldats qui ont enlevé les
gazons et la subsistance de la terre pour
faire leurs baraques et les memes troupes
ont detruit 20 maisons de bois qui etoient
dans la montagne pour mettre a couvert
leurs bestiaux pendant l'esté.
Il est aussy a observer que le plus fertile
terroir de leur communauté est dans des
lieux penchants et ne produit des recoltes
de seigle d'orge et d'avoine qu'une fois
en trois années et que toutes les fois
qu'il tombe des greles ou qu'il fait de
grandes pluies ou qu'il y a des degels
il y arrive de grands eboulements de
terre et de grandes ravines.
La grande quantité de neiges dont
leurs fonds sont couverts pendant l'hiver
et mesme assez souvent sur la fin du mois
de juin auquel temps leurs bleds sont
en fleurs ruine frequemment leurs fruits
et rend touttes leurs peines inutiles et
d'ailleurs la qualité de leur terroir est tel

212
que s'il n'estoit bien remué, fumé et
arrozé il auroit peine a rendre autant
de grains qu'on en auroit semé.
Les cannaux qui conduisent l'eau
destinée pour l'arrozage de leurs préz
qui sont de la longueur d'environ demy
lieüe et passans dans des deserts fort
penchants engagent les d.(its) habitans a
des reparations fort considerables aussy
bien que le grand chemin qui est au dessus
de leur village lequel est sujet a des
éboulement a l'endroit appellé des Soulins
et outre ce l'ouverture de la susditte
montagne de Sestrieres les oblige
annuellement a de grandes depenses.
Les charges des d.(its) habitans sont
grandes ce qu'on peut voir par les comptes
de leurs consuls et consistent outre ce quy
a esté dit cydessus en 30 s(ols) qu'ils paient
annuellement a la communauté du Haut
Pragelas et 4 livres 10 S(ols) a celle de Sauze pour le
droit de riverages de leurs moulins dont
les ennemis brulerent les bastiments
rompirent les meules en 1692 n'ayant put
depuis les retablir et aux interests
de plusieurs sommes qu'ils doivent depuis
de longues années.

212v
Il y a dans le d.(it) lieu des fonds de plusieurs
hoiries abandonnées dont personne n'a
voullu se charger a condition d'en paier les
tailles parmy lesquels sont les heritages
de 35 habitans du Haut Pragelas
taillables comme forains du d.(it) lieu de
Champla du Col lesquels sont sortis
du Royaume a cause de leur relligion
pretendüe réformée les alivrements de
tous lesquels fonds sont rejettés sur
le general de la d.(ite) communauté.
Enfin tout l'allivrement du territoire
du d.(it) lieu ne monte que 42 l(ivres) 10 s(ols) et n'est
composée que de 1110 sesterées fertiles
tant en prez qu'en terres labourables
et de 721 sesterées hermes qui ne portent
qu'un peu de pasturages dont l'estime est
de 9 l(ivres) 8 s(ols) 4 d(eniers) ainsy jl parroistroit tres juste
de regler les feux du dit lieu a proportion
de la d.(ite) quantité de bonnes et médiocres
sesterées.
Le territoire du lieu de Thurres est situé
dans le haut de la d.(ite) vallée de Cezanne et n'a
d'estendue qu'environ demye lieüe néantmoins
jl est chargé de deux feux moins un 60e.
On peut juger facilement qu'il est
extremement surchargé puisque leur

213
cadastre n'est composé que d'environ 3522
sesterées de fonds dont chacune n'est que
de 400 toises et la toise de cinq pieds et
demy et de cette quantité il y en a presque
a moitié qui est resté jnculte tant a cause
des jnnondations de la riviere de Doire
que des ravines et lavanches qui sont
frequentes dans le d.(it) lieu lesquelles
ayant emporté ce qu'il y avoit de meilleure
terre jl a esté jmpossible de restablir
les fonds ruinés.
De l'autre moitié de leur terroir
jl n'y en a que tres peu dans la plaine
et les fonds qui y sont se trouvent etre
les plus steriles tant le surplus est dans
les hauteurs et ne peut porter de grains
qu'une fois en deux ans les recoltes en
sont mediocres et d'ailleurs jl arrive
si souvent que les neiges et les gelées
du printemps font mourrir leurs grains
que les meilleurs fonds ne sont affermés
qu'a la charge seulement de paier les
tailles et ce qu'on en a donné au dela
n'excedoit pas 4 l(ivres) pour chaque sol
d'alivrement ce qui n'a esté que pendant la
guerre auquel temps les foins et autres
danrées ont esté d'un prix excessif.

213v
Les habitans du dit lieu de Molieres
ont leur territoire contigu a ceux des lieux
de Cezanne Fenils et Sollemiac et ils
pretendent d'estre troubles en la jouissance
de leurs biens communaux par les habitans
des lieux de Cezanne et de Sollamiac
qui veulent s'en emparer ce qui pourroit
estre le sujet d'un proces entr'eux
parce que les habitans du dit lieu de
Molieres dans une possession
immemorée de l'usage des d.(its) bois et prairies
communes et dans le droit de jouir moienant
le payement annuel de leur contingent des
ducats Brianconnois ils pretendent
aussy d'estre troublés dans la jouissance
des eaux du dit lieu de Molieres par
les habitans de Solamiac qui les conduisent
sur leurs propres fonds.
Les d.(its) bois du d.(it) lieu de Molieres sont
sujets a des esboulements dans les temps
de pluyes extraordinaires et du degel
ce qui est cause qu'ils sechent et pourrissent
sur la planthe jl en est de meme du territoire
du dit lieu nommé Mallefosse et du
mas des prez appellé Faren lesquels
quoique d'une asses grande estendue
estant en des pentes rapides les grandes
pluies les font esbouler de sorte que les

214
granges et les escuries du dit lieu en sont
remplis meme les prez du mas
appellé prez Lioutard lesquels ont esté
souvent couverts de gravier comme
Nosseigneurs les commissaires pourront
le remarquer par les ravines qui parroissent
et par les monceaux de pierres qui font
connoistre le prejudice qu'ils en recoivent.
Leurs pasturages communs sont sy
mediocres qu'a peine les brebis y peuvent
paistre leurs bestes a corne ny peuvent
vivre et jls sont contraints de consommer
pendant l'esté une bonne partie de leur
fourrage pour la nourriture des d.(its) bestiaux.
Comme le terroir du dit lieu est très
froid la plus grande partie estant tourné
du costé du couchant et du septentrion ils
ne peuvent recueillir en trois années que
deux fois des grains une année du seigle
la seconde de l'avoine et la troisième on laisse la
terre vuide et ce qu'e l'on receuille est si modique
qu'il ne peut nourrir les d.(its) habitans que pendant
une partie de l'année.
Enfin il n'y a dans toute la d.(ite) communauté
qu'environ 1900 sesterées sesterées de fonds compris
dans son cadastre dont jl y en a presque
500 sesterées jncultes ou couvertes de gravier

214v
et qui ne peuvent servir qu'au pasturage
des bestiaux l'alivrement desquelles 500 sesterées
est de 5 l(ivres) cependant le total de l'estime de
leur cadastre est de 29 l(ivres) 10 s(ols) a raison desquelles
ils sont chargés d'un feu et demy un quart
un 32e et un 64e
Le territoire des habitans de Fenils ne
consiste qu'en 1550 sesterées dont la riviere
de Doire et divers torrens ont emporté 150
sesterées de la taille desquelles les proprietaires
sont encore chargés l'alivrement total
de leur cadastre n'estant que de 29 l(ivres) leurs
fonds sont sujets a la secheresse et s'ils
n'ont de la pluie du moins de 8 en 8 jours la
recolte seche entierement et ne produit ny
pailles ny grains.
Les eaux du printemps causées par les
fontes de neiges font plusieurs ruisseaux
depuis le plus haut des rochers jusqu'en
bas lesquels entrainent toutte la superficie
de la terre et tous les grains qui sont
pendans ce qu'ils ne peuvent éviter qu'en
faisant des murailles au milieu et aux environs
de leurs fonds.
Les lavanches detruisent non seulement
les jeunes bois mais passans a travers
de leurs prez elles en emportent le
terrrain et y laissent les d.(its) bois et quantité

215
de gravier de sorte qu'il se passe plusieurs
années sans que le sol ainsy couvert puisse
porter du foin.
Enfin tout le d.(it) territoire est tellement
sterile qu'il ne peut rien produire qu'a force
de travail et en le fumant de trois en trois
ans et avec tous ces soins jl ne porte des
grains que deux fois en trois années
la premiere de seigle et la seconde d'avoine
ou orge dont le tuiau avec l'epie n'ont
qu'un pied ou demy pied de longueur et
une partye des dits fonds a peine de produire
autant de grains que ce qu'on y a semé.
Leurs pasturages sont de tres mediocre
valleur est sont en des lieux si rapides
qu'il y en a une partie ou leurs bestiaux
ont de la peine a se tenir pour y paistre
en des rochers et autres lieux scabreux
dans lesquels plusieurs animaux se sont
precipitez et le surplus ne peut fournir que
ce qu'il faut pour nourrir leurs bestiaux
quoiqu'en considera(ti)on de cette disette ils n'en
tiennent que le moins qu'ils peuvent.
Il n'y a dans leurs bois communs que
quelques melezes dont il y en a tres peu
propres a bastir les autres estant vieilles
pourries et gastées quoiqu'elles semblent
saines et elles ne peuvent servir que pour

215v
chauffage et outre ce les campemens
des troupes et les quartiers d'hiver ont
esté cause qu'on a fait un grand degast dans
les dits bois.
Comme la grande quantité de neiges
fait mourir souvent les seigles et meteil
que les d.(its) habitans ont semé avant l'hiver
jls sont contraints de semer de nouveau
au printemps ainsy qu'ils ont fait l'année
presente de l'orge er de l'avoine en la pluspart
de leurs terres lesquelles dans les meilleures
années ne produisent que six septiers pour
un dont jl en faut lever un et demy pour la
semence et dans les saisons mediocres
elles ne produisent que 4 sestiers sur quoy
il faut paier les charges et les tailles
sur le pied de l'alivrement d'un sol six cinq
deniers pour la meilleure sesterée.
D'ailleurs les habitans du dit lieu
sont charges de debtes considerables qu'ils
ont contractées pendant la guerre soit pour
paier leur contributions aux Barbets
et eviter le pillage et l'jncendie de leurs maisons
soit pour acheter des grains pour subsister
a raison de 10 l(ivres) le sestiers qui ne peze que
soixante dix livres.

216
Le dit lieu des Desertes est dans un
endroit fort desert ce qui luy a donné le
nom de Desertes son terroir est dans des
pentes sy rapides qu'on ne peut y aller
a cheval sans peril de sa vie les terres
labourables et les prez sont tellement
sujets aux ravines et aux eboulements
causés par les neiges qu'il est arrivé
depuis quelques années meme au dernier
printemps qu'il s'est formé des
esboulemens de terre depuis le haut des
montagnes qui menacent le d.(it) lieu d'une
entiere ruine la terre se detachant des
rochers qui restent tous couverts de gravier
entre autres dans les valons de Lolaguera
Huisselieres, Sagnas, Prayes, Presborel
Chaulieres, Lozarot, et Coste du Vernet
dans lesquels jl y a 100 sesterées de terres
jncultes qui sont en estime a 20 s(ols)
Outre la d.(ite) quantité de terres jncultes
et ruinées il y a encore 315 sesterées dans
les vallons des Maisonnasses, Eyssart
Sagnes, Pra Rondet, Costes Taillas, de
Chapelet Ponsas et des Violins l'alivrement
desquels fonds jncultes monte a 2 l (ivres)15 s(ols) 6d(eniers)
Il y aussi des fonds dans les hauteurs

216v
de leurs montagnes qui par la succession des temps
sont devenues jncultes depuis qu'ils ont esté
compris dans leur parcelaire fait depuis deux
siecles dans lequel jls sont en estime pour 27 s(ols)
touttes lesquelles sommes jointes composent en tout
5 l(ivres) 2 s(ols) 6 d(eniers) dont l'alivrement du cadastre
du d(it) lieu
doit estre diminué et jceluy dechargé des feux
a proportion de la d.(ite) diminution.
Les autres terres qui subsistent encore
sont dans des lieux penchants et rapides sujets
a des eboulements lorsque les neiges fondent
ou qu'il fait de grandes pluies ce quy engage
les habitans du dit lieu a de grandes répara(ti)ons
et entraine la graine de leurs fonds mais sy
l'abondance des eaux leur est nuisible dans le
printemps la secheresse ne leur porte pas
moins de prejudice pendant l'esté lors duquel
ne pouvant les arrozer ils ne peuvent recueillir
que tres peu de foin et de grains.
Leurs terres ne portent que du seigle de
l'orge et de l'avoine et s'ils font deux recoltes
en trois années ce n'est qu'avec des peines
extraordinaires les hommes et les femmes
estant contraints de porter touttes les choses
sur leur dos pour ne pouvoir faire que
tres peu de voitures avec des bestiaux
a cause de la difficulté des chemins.
Enfin les fonds du dit lieu produisent
sy peu que ceux qui les afferment ne veullent

217
paier annuellement pour les meilleurs
outre la taille qu'un sestier de bleds
pour chaque sol de cadastre lequel
sestier vaut par communes années 40 s(ols)
une année portant l'autre leurs bois
ne sont composés que de melezes et
leurs pasturages sont d'une estandüe
sy mediocre et sy maigre qu' a peine
chaque particulier peut entretenir les
bestiaux qui leur sont necessaires pour
leur labourage malgré touttes les
miseres des d.(its) habitans jls ont esté
contraints de se separer des parroisses
voisines et de se charger de l'entretien
d'un curé pour ne pouvoir aller en hiver
entendre la messe dans les d.(ites) parroisses.
Les habitans du dit lieu de Solemiac
n'ont qu'un tres petit terroir dont
tout l'alivrement contenu dans leur
cadastre n'est que de 21 l(ivres) leurs fonds
craignent les grandes chaleurs jusqu'à
ce point que s'ils restent huit jours
sans pluie la plante des bleds seche
et ne peut produire aucuns espies.
Les pluies fortes et soudaines

217v
entrainent la superficie et la graisse de
leur terrain lequel est situé en des pentes
si rapides que s'il n'estoit soustenu
par des murailles les eaux tant des d.(ites)
pluyes que des neiges qui fondent
au printemps emporteroient touttes les
terres jusqu'au pied de la montagne et
malgré touts leurs soins le torrent
qui vient du plus haut d'jcelle a ruiné
plus de 50 sesterées de fonds taillables
ce qu'il continue de faire annuellement
et les particuliers propriétaires des d.(its)
fonds detruits ne laissent pas que
d'en payer les tailles.
Ce meme torrent leur cause encore
un autre prejudice en ce qu'il rend le dit
terroir tellement mouvant qu'on ne peut y
bastir des maisons a chaux et a sable
ce qui est cause qu'on n'en construit que
de bois et que le village est exposé a des
incendies frequentes dont la derniere est
arrivée en 1656 lors de laquelle il fut
entierement brulé et pour le retablir on
a coupé et degradé les plus beaux bois
du dit lieu.
Le degast des neiges et des
lavanches n'est pas moindre celles la

218
Surpriment souvent leurs bleds avant
qu'ils soient recueillis et comme elles
durent ordinairement pendant tout l'hiver
elles pourrissent tous les grains
seméz ce qui est cause que les d.(its) habitans
sont contraints de semer une seconde
fois et comme jl est arrivé la presente
année la perte ayant esté sy universelle
que quelqu'uns des d.(its) habitans qui
avoient semé jusqu'a cinq sestiers de
bleds n'en ont pas recueillis un grain
d'autres n'ont retiré que la moitié de
leurs semences.
Il est aussy a observer qu'ils sont
contraints de semer leurs grains pour
l'année suivante avant que d'avoir
moissonné ceux qui sont pendans par
racines ce qui les oblige d'en achepter
fort cherement hors du dit lieu.
A l'egard des lavanches elles
font un tel degast qu'il y a encore dans
le d.(it) lieu des anciens qui se souviennent
que le hameau de Colombieres fust
destruit en sorte qu'il ne resta aucune
maison entiere ce qui a donné lieu
a la deffense rigou(reu)se de ne plus couper

218v
aucuns bois dans celuy qui est au dessus du d.(it)
hameau.
Le d.(it) territoir est sy peu fertile qu'ils
ny peuvent semer des grains que deux fois
en trois années dont la seconde il ne peut
porter que de l'orge et de l'avoine et jl faut
necessairement le laisser vuide la 3e
pendant laquelle s'ils ne le cultivoient
pas avec tous les soins possibles
et s'ils n'y mettoient une grande quantité
de fumier ils n'en retireroient aucuns
proffits.
Une autre raison de la sterilité des dits
fonds et particulierement de leurs prez
est qu'ils ne peuvent arrozer que ceux qui
sont dans les lieux les plus bas et qu'ils
ne peuvent avoir des eaux dans les temps
qu'il conviendroit parce que leur situation
estant trop rapide ils ne peuvent faire des
cannaux pour la raison que les d.(ites) eaux y
causeroient le meme degast que celles
des grandes pluies et des neiges et d'ailleurs
ne pouvant labourer leurs terres avec
leurs bestiaux jls sont contraints de
les cultiver avec la pioche et les chemins
pour y arriver sont tellement etroits
qu'ils ne peuvent y porter du fumier ny
en retirer les grains que sur leur dos

219
ou avec des bestes de charge ce qui rend leurs
travaux sy lents et si longs qu'ils sont
souvent surpris par la neige avant qu'ils
aient pu cultiver leurs fonds.
La pluspart d'jceux sont remplis de
pierres et de rochers cependant jl n'en est
aucun qui ne soit compris et alivré dans
leur cadastre et dont le possesseur n'en paie
les tailles. Ils ont tres peu de pasturages
et ce qu'ils en ont est parmy des rochers
ou le bestail ne peut aller sans danger
de se precipiter et jl se passe peu d'années
que les uns ou les autres des dits
habitans ne perdent plus de 4 ou 5
vaches de sorte que pendant l'esté auquel
jls pourroient proffiter de leur lait et de
leur fumier jls sont contraints de les
envoyer dans les pasturages des
communautéz voisines et de ne garder que
les bestiaux absolument necessaires a la
culture de leurs fonds.
Il n'y a dans leur communaux que
quelques melezes qu'il est deffendu de
couper pour eviter la ruine de leurs
maisons et de leur heritages outre qu'il
j en a tres peu qui soient propres a bastir.

219v
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